• Peter Gabriel - UP

    Avec « UP » Peter Gabriel touche au sublime ! L’archange Gabriel tutoie ici les cimes mélodiques avec une musicalité complexe et une spiritualité quasi divine. Ce disque est UNIVERSEL !

    Peter Gabriel - UP

    10 ans ! Il aura fallu 10 ans à Peter Gabriel pour donner une suite à « US » son précédent effort solo. Perfectionniste à l’extrême, le Gab porte à ses 10 titres un soin démesuré voire maladif. Ses compositions ne sont jamais l’objet d’un premier jet instinctif, cette sorte de cri primal et authentique que recherchent la plupart de ses contemporains. Peter, lui, demeure farouchement exigeant, intraitable envers sa matière musicale. Sa méticulosité excessive pour les moindres détails émaillant la texture de ses chansons lui donne cette profondeur abyssale faite de multiples couches sonores et d’arrangements foisonnants. Son processus créatif démarre par l’entassement compulsif du plus de matière possible pour terminer par une épuration pure et simple de tout le superflus conférant à ses titres complexité et simplicité.

    Au départ « UP » reposait sur plus de 150 idées et bribes de chansons à divers stades d’avancement. Pendant un temps, Peter Gabriel avait envisagé de sortir un double album tant la quantité de chansons  engrangées sur son disque dur était conséquent : « Je vois ce disque comme une montagne, depuis laquelle on contemple la vie d’où l’on vient, et ou l’on va. Mon père a 90 ans, et  mon dernier enfant 9 mois, cela élargit complètement ma perspective du monde » (Peter Gabriel 2003).

    La précision des textes allie le personnel et l’universel, conférant si cela est encore possible plus d’intensité aux chansons. Il se dégage de ce disque une puissance émotionnelle rarement égalée.

    « UP » est un disque riche, sûrement trop riche pour les amateurs de dépouillement, complexe mais pourtant si simple, émotionnel mais jamais mielleux, spirituel sans verser dans la dévotion, universel mais surtout pas mondialiste !

    Ce disque copieux de plus de 70 minutes pour 11 titres (en version vinyle seulement 10 en cd) est un faux concept album sur la naissance, la vie et la mort. Faux car les thèmes se sont imposés à lui sans réelle volonté de marquer son œuvre du sceau de ses trois mamelles de notre existence.

    Le morceau d'ouverture, l’angoissant Darkness aux relents techno-industriels, évoque la peur de la mort et les angoisses enfantines (souvent liées), pulvérise par secousses et accès de rage une frêle mélodie innocente. Growing Up avec son rythme dansant presque technoïde est une sommation de vivre sa vie d’une manière endiablée. Sky Blue est un titre gospel que Gabriel affirme avoir travaillé pendant 10 ans avant de le terminer. On y entend une chorale de jeunes aveugles (les Blind Boys of Alabama) ponctuant ses propres vocalises d'un oratorio lancinant et grandiose, d’une puissance dramatique énorme. Le titre No Way Out appelé Don’t leave sur la version vinyle est une ballade à forte pénétration émotionnelle. Le sujet ? Le fait de faire face à la mort. Pour la ballade I grieve, évoquant l’abandon (lié à la mort encore), Peter regarda son stock de musiques ébauchées comme s’il s’agissait d’un catalogue d’outils émotionnels pour en piocher une pouvant susciter le sentiment voulu. Gabriel a interprété la chanson en direct lors d’une émission pour le premier anniversaire du 11/9, au cours de laquelle il a révélé que ses deux filles vivaient à New York à l’époque du drame et qu’il n’avait pas pu les contacter au moment de la catastrophe. Pour The Barry Williams Show (premier single) Gabriel explore l’univers glauque des animateurs télé avec cette chanson pop hilarante vraie respiration dans cet album très sombre. Sur My Head Sounds Like That, traitant de la dépression qu’a connue Gabriel ces dernières années, n’est pas sans nous rappeler le meilleur de John Lennon ou de Robert Wyatt. More Than This (le deuxième single) est l'un des morceaux les plus rythmés de l'album. La chanson pose la question de savoir s'il y a quelque chose de plus à vivre. Puis enfin la pièce maîtresse de l’album, le phénoménal «Signal to Noise», où revit la voix du regretté Nusrat Fateh Ali Khan, hantant une atmosphère incroyablement sombre, mêlant accents symphoniques et world-music. En effet, ce titre était un défi pour Gabriel parce que le chanteur pakistanais, Nusrat Fateh Ali Khan, était décédé cinq ans plus tôt. Il a du travailler avec les enregistrements d'une performance live d'une première version de la chanson datant de 1996. La progression dramatique de ce morceau électro-symphonique et l’intensité de l’interprétation du chanteur pakistanais nous glacent littéralement le sang. Le dernier titre clôturant ce monstre émotionnel qu’est « UP », The drop est une petite délicatesse de juste trois minutes, où, Gabriel juste accompagné de son piano nous susurre presque à l’oreille les quelques vers de cette petite merveille toute en simplicité.

    « UP » est une œuvre dense et palpitante, exigeante et intense, émotionnelle et profonde…comme la vie.

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  • Commentaires

    1
    Dimanche 17 Novembre 2013 à 12:05

    Bon dieu, tu me donnes l'impression d'être possédé par la muse de l'écriture et celle de la musique...

    Le tout donne des articles passionnants à lire et vraiment enthousiasmants.

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