•  “Boulevard des Capucines” s’adresse à votre père, que vous n’avez pas connu.
    Etienne Daho. Je voulais montrer qui je suis aujourd’hui, un homme de 50 ans qui va bien malgré ses tourments. Pour écrire, je suis obligé de passer par des phases, de vivre sans penser à l’artiste. Quand j’ai obtenu une certaine reconnaissance, mon père est venu voir mon spectacle à l’Olympia. Je n’avais dû le voir qu’une fois... traverser ma chambre en courant. Il s’est adressé à l’entrée des artistes le dernier soir de concert. Ce devait être une soirée de fête. Mais on m’a averti de sa présence juste avant de monter sur scène. Ça m’a déstabilisé, je ne l’avais jamais revu... J’étais un jeune homme en vogue, un peu sûr de moi, je ne m’attendais pas du tout à cet événement . Du coup, je lui ai interdit l’accès de la loge, je n’avais pas envie d’être rattrapé par le passé. Le passé, on peut en parler quand il ne fait plus mal. Mais là, c’était trop douloureux. Je suis un homme ; la gent masculine a du mal à parler de choses très privées. 
    Que s’est-il passé ensuite ?
    Il est décédé en 1990. Du coup, je suis parti pour Londres. J’ai longtemps dit que c’était pour d’autres raisons, mais la vérité est là. Son départ m’a remué. J’ai tout arrêté. Sa mort a eu beaucoup plus d’impact sur moi que ce que j’imaginais. Mais il ne faut jamais fuir ce que l’on est. C’est mon histoire, je n’y changerai pas grand-chose. Cela paraît profond et intense, mais je ne vois pas cet épisode comme un moment douloureux, au contraire. Cela m’a permis de me construire. Si je suis aujourd’hui solide et droit dans mes bottes, c’est parce que j’ai appris très tôt à être le petit mâle de la famille. 
    Pourquoi en faire une chanson ?
    J’ai récemment mis la main sur un paquet de ses lettres que je n’avais jamais ouvertes. Quand je les ai lues, elles m’ont apaisé. Il demandait pardon. La chanson est venue de là. Mon père portait le même prénom que moi... Quand j’ai commencé, je m’appelais Etienne junior. Voir son nom au fronton de l’Olympia a dû être un moment surréaliste pour lui. 
    Regrettez-vous de ne pas l’avoir vu ?
    Bien sûr, mais je n’étais pas prêt. Je ne pouvais pas lui parler. J’ai fait comme j’ai pu avec les armes dont je disposais. 
    Pourquoi traiter ce sujet si tard ?
    J’aurais aimé le faire bien avant, mais ce n’était pas simple. J’ai écrit cette chanson pour moi, sans vouloir la mettre sur le disque. Mais tous mes proches m’ont poussé à l’inclure. C’est une chanson importante ; on ne l’écrit qu’une fois dans sa vie. 

     

     

    Boulevard des Capucines, ton nom qui tout là haut scintille est le même que le mien.
    C'est l'Olympia qui célèbre, ton étoile qui là haut s'élève et je vis ton succès de loin.
    Sur scène, tu es le centre, la foule aimante vacille, j'observe lorsque tu chantes, que brillent les yeux des filles.

    Je n'approcherai pas les loges, où l'on te couvre d'amitié et d'éloges, car la pudeur me le défend.
    De loin tu sembles fort et grave, plus que les garçons de ton âge, comme lorsque tu étais enfant.
    Rue Caumartin je te guette et l'appréhension me vide, tous ces regrets douloureux, me rongent comme l'acide
    Je te demande par cette lettre mon garçon, de m'accorder ton pardon.
    Tu sais quelle connerie ma jeunesse, mon silence, quelle erreur, quelle perte de temps, si je n'ai pas su te dire à temps, que je pensais à toi, tout le temps, mon guerrier, mon roi, mon petit prince.
    Epris de femmes et de vie légère, j'ai tant aimé, je suis sincère, l'étreinte de la liberté.
    Ni mari ni père et volage, courant d'air et de passage, sauras tu me regarder, mais tu ignores mes signes, toi mon cruel funambule, alors je crache ces lignes, fracassé et somnambule.
    Je te demande par cette lettre mon garçon, de m'accorder ton pardon, tu sais, quelle atrocité, cette guerre, mon départ, quelle erreur, quelle perte de temps, si je n'ai pas su te dire à temps, que tu m'as manqué tout le temps, mon guerrier, mon roi, mon petit prince, mon petit prince, pardon.


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  • Avec « UP » Peter Gabriel touche au sublime ! L’archange Gabriel tutoie ici les cimes mélodiques avec une musicalité complexe et une spiritualité quasi divine. Ce disque est UNIVERSEL !

    Peter Gabriel - UP

    10 ans ! Il aura fallu 10 ans à Peter Gabriel pour donner une suite à « US » son précédent effort solo. Perfectionniste à l’extrême, le Gab porte à ses 10 titres un soin démesuré voire maladif. Ses compositions ne sont jamais l’objet d’un premier jet instinctif, cette sorte de cri primal et authentique que recherchent la plupart de ses contemporains. Peter, lui, demeure farouchement exigeant, intraitable envers sa matière musicale. Sa méticulosité excessive pour les moindres détails émaillant la texture de ses chansons lui donne cette profondeur abyssale faite de multiples couches sonores et d’arrangements foisonnants. Son processus créatif démarre par l’entassement compulsif du plus de matière possible pour terminer par une épuration pure et simple de tout le superflus conférant à ses titres complexité et simplicité.

    Au départ « UP » reposait sur plus de 150 idées et bribes de chansons à divers stades d’avancement. Pendant un temps, Peter Gabriel avait envisagé de sortir un double album tant la quantité de chansons  engrangées sur son disque dur était conséquent : « Je vois ce disque comme une montagne, depuis laquelle on contemple la vie d’où l’on vient, et ou l’on va. Mon père a 90 ans, et  mon dernier enfant 9 mois, cela élargit complètement ma perspective du monde » (Peter Gabriel 2003).

    La précision des textes allie le personnel et l’universel, conférant si cela est encore possible plus d’intensité aux chansons. Il se dégage de ce disque une puissance émotionnelle rarement égalée.

    « UP » est un disque riche, sûrement trop riche pour les amateurs de dépouillement, complexe mais pourtant si simple, émotionnel mais jamais mielleux, spirituel sans verser dans la dévotion, universel mais surtout pas mondialiste !

    Ce disque copieux de plus de 70 minutes pour 11 titres (en version vinyle seulement 10 en cd) est un faux concept album sur la naissance, la vie et la mort. Faux car les thèmes se sont imposés à lui sans réelle volonté de marquer son œuvre du sceau de ses trois mamelles de notre existence.

    Le morceau d'ouverture, l’angoissant Darkness aux relents techno-industriels, évoque la peur de la mort et les angoisses enfantines (souvent liées), pulvérise par secousses et accès de rage une frêle mélodie innocente. Growing Up avec son rythme dansant presque technoïde est une sommation de vivre sa vie d’une manière endiablée. Sky Blue est un titre gospel que Gabriel affirme avoir travaillé pendant 10 ans avant de le terminer. On y entend une chorale de jeunes aveugles (les Blind Boys of Alabama) ponctuant ses propres vocalises d'un oratorio lancinant et grandiose, d’une puissance dramatique énorme. Le titre No Way Out appelé Don’t leave sur la version vinyle est une ballade à forte pénétration émotionnelle. Le sujet ? Le fait de faire face à la mort. Pour la ballade I grieve, évoquant l’abandon (lié à la mort encore), Peter regarda son stock de musiques ébauchées comme s’il s’agissait d’un catalogue d’outils émotionnels pour en piocher une pouvant susciter le sentiment voulu. Gabriel a interprété la chanson en direct lors d’une émission pour le premier anniversaire du 11/9, au cours de laquelle il a révélé que ses deux filles vivaient à New York à l’époque du drame et qu’il n’avait pas pu les contacter au moment de la catastrophe. Pour The Barry Williams Show (premier single) Gabriel explore l’univers glauque des animateurs télé avec cette chanson pop hilarante vraie respiration dans cet album très sombre. Sur My Head Sounds Like That, traitant de la dépression qu’a connue Gabriel ces dernières années, n’est pas sans nous rappeler le meilleur de John Lennon ou de Robert Wyatt. More Than This (le deuxième single) est l'un des morceaux les plus rythmés de l'album. La chanson pose la question de savoir s'il y a quelque chose de plus à vivre. Puis enfin la pièce maîtresse de l’album, le phénoménal «Signal to Noise», où revit la voix du regretté Nusrat Fateh Ali Khan, hantant une atmosphère incroyablement sombre, mêlant accents symphoniques et world-music. En effet, ce titre était un défi pour Gabriel parce que le chanteur pakistanais, Nusrat Fateh Ali Khan, était décédé cinq ans plus tôt. Il a du travailler avec les enregistrements d'une performance live d'une première version de la chanson datant de 1996. La progression dramatique de ce morceau électro-symphonique et l’intensité de l’interprétation du chanteur pakistanais nous glacent littéralement le sang. Le dernier titre clôturant ce monstre émotionnel qu’est « UP », The drop est une petite délicatesse de juste trois minutes, où, Gabriel juste accompagné de son piano nous susurre presque à l’oreille les quelques vers de cette petite merveille toute en simplicité.

    « UP » est une œuvre dense et palpitante, exigeante et intense, émotionnelle et profonde…comme la vie.

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  • Quand Frank Black nous pond une référence du rock adulte et passe totalement inaperçu !

    Frank Black - Dog in the Sand

    « Dog in the Sand » est un album quasiment inconnu à part des aficionados du gros lutin de Boston. Depuis la dissolution des Pixies, le gros Charles qu’on appelle maintenant Frank Black, sort sans sourciller, un album tous les ans. De l’album éponyme,  du Pixies débarrassé du côté Punk (force est de constater que ses influences rageuses étaient surtout portées par la présence du guitariste d’origine Philippine) au foutraque et génialissime « Teenager of the Year » (album reflétant toute la démesure et le talent du bibendum bostonien en 22 titres expéditifs et variés) en passant par le virage punk rock hardcore avec le moins réussi "The Cult of Ray" (l’absence de Joey se fait sérieusement sentir) avec pour toile de fond la science fiction de Ray Bradbury et les 2 premiers albums de son nouveau groupe les Catholics, le premier aussi brutal et enregistré quasi live et le deuxième « Pistoléro »  beaucoup plus riche et mélodique.

    C’est donc en 2000 que sort « Dog in the Sand »  troisième album avec ses Catholics. Fini le rock primaire et saturé, place désormais à une musique plus variée et sophistiquée, plus adulte et apaisée. Le chanteur a d’ailleurs rappelé deux de ses anciennes connaissances de la période Pixies pour étoffer quelques uns de ses morceaux : Joey Santiago sur 3 morceaux apporte sa patte magique et Eric Drew Feldman l’arme fatale de Frank. Eric illumine de son jeu de piano les compos de Black comme Nicky Hopkins pour les Rolling Stones ou Mike Garson pour David Bowie.

    Sous sa pochette sable, Dog In The Sand se révèle un petit trésor californien qui sent la chaleur et l'humanité. Frank Black a volontairement laissé de côté l'aspect original des compositions de son ancien groupe afin de revenir à un rock plus classique, plus conventionnel laissant s’exprimer une face beaucoup plus sensible du personnage jusque là qu’entre aperçu lors de ses précédentes productions. Le génial "Blast Off" et ses plus de 7 minutes ; format totalement inhabituel pour le bonhomme (qui a dit gros ?) ouvre le bal avec son piano désaccordé et son fort relent Stonien. Et que dire de cette jam interminable sous l’égide de la guitare de Santiago.

    A l’époque de sa sortie, Frank Black confiait : « On écoutait les Rolling Stones tous les matins, dans le camion… C’est devenu un symbole de cette petite tournée qu’on faisait. Chaque matin, on mettait le même disque, Exile On Main Street, et on prenait la route ».

    Sur tous le disque la voix de Frank se fait Protéiforme comme sur « I’ve seen your picture » et son refrain chanté par le fantôme de Mick Jagger surfant sur les arpèges du piano electric de monsieur Feldman et de la guitare lead de Dave Philips (notre héros chauve sait décidément bien s’entourer). Que dire du fantastique perle acoustique de « St Francis dam disaster » ou notre Charles adopte le point de vue de l’eau qui s’échappe du barrage ?  Suit le très Whosien « Robert Onion » avec la guitare toujours aussi ciselée de Joey. Comment ne pas fondre sous la voix de Frank sur « Stupid me » qui sonne comme un classique échappé des sixties. Le morceau suivant est le sauvage « Bullet » avec Dave à la pedal steel.  Sur « The swimmer » et sa mélodie recherchée et délicate on jurerait entendre Mick Jagger.  « Hermaphroditos » est une des meilleures compos de Frank Black avec ou sans ses Catholics voire Pixies inclus. Ce rock accrocheur n’est pas sans rappeler encore l’élan Stonien du début des années 70. Il est quasiment impossible de rester de marbre quand on écoute « I’ll be blue » la tension et l’émotion est palpable dans sa voix. Cette chanson inscrit définitivement Charles au panthéon des meilleurs interprètes rock, dans la lignée de Neil Young. « Llano del rio » sympathique chanson country fait retomber la pression avec ses références SF (comme au bon vieux temps).  « If it takes all night » est addictive en diable, le genre de chanson à vous redonner la pêche dans n’importe quelle condition. Et enfin « Dog in the Sand » la chanson titre avec une mélodie Surf Epic due à Joey Santiago. Enregistrée à 4h du matin après une nuit complète de prises, ce Dog In The Sand rêveur, gracieux, soupiré par un Frank Black qui signe là son plus bel album de performances vocales.

    Tout ici est enregistré live directement en stéréo, sans re-recording, avec une énergie farouche que l’on connaissait déjà, mais qui se double ici de délicatesse et de subtilité. 

    Frank Black signe avec ce « Dog in the Sand » un disque sincère, magnifique, riche, en un mot indispensable !

    « Dog in the sand » est un disque à écouter en boucle au volant de son cabriolet le long de la route qui longe le pacifique...

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  • "Doolittle", chef d'oeuvre inoxydable ou l'album rock alternatif par excellence. Réussite majeure, testament définitif en 15 titres, 15 tubes d'un groupe qui avait tout pour devenir énorme.

    The Pixies - Doolittle

     

    Nous sommes en 1989, quand sort le troisième album des Pixies. A cette époque, le grunge n'existait pas encore en tant que tel, même si déjà quelques signes avant coureur d'un changement aussi brutal que rapide se fait alors sentir. Les choses bougent ...et vite. La scène underground et universitaire des banlieues des grandes villes du nord éclate dans tous les sens...une révolution violente couve sous la pression des groupes de collège rock.

    C'est en effet à l'université que Charles Michael Kitteridge Thompson IV futur Black Francis et Joey Santiago font connaissance. Passionné des 60's pour le premier et de Punk Rock pour le second, les deux guitaristes se lient rapidement d'amitié et fondent les Pixies après le recrutement de Kim Deal (par petites annonces) et David Lovering (connaissance de celle-ci).

    Ils enregistrent une première cassette de démos: les fameuses "Purple tape" et font le tour des maisons de disques. Après signature chez 4AD, le groupe de Boston sort leur premier EP "Come on Pilgrim". On est en 1987 et déjà toutes les caractéristiques du groupe sont là: les textes barrés de Black Francis ainsi que sa large palette vocale, le style de guitare pour le moins erratique de Joey Santiago ainsi que les harmonies vocales de Kim Deal.

    "Come on Pilgrim" fut suivi de près par "Surfer Rosa" en 1988, produit par Steve Albini (à qui l'on doit l'âpreté de la production) et considéré comme le véritable premier album du groupe. Le disque reçoit un accueil dithyrambique par la presse européenne mais une couverture médiatique quasi nulle dans leur propre pays. Le disque ne passe d'ailleurs nul part sauf dans les collèges radios et dans la chambre d'un certain Kurt Cobain qui en fit son album de chevet. Le fondateur de Nirvana fut tellement transporté par la musique des bostoniens qu'au départ sa seule ambition était de faire un cover band des Pixies. 

    A la base de Doolitle, sorti dans le commerce 6 mois seulement après l'album Andalous (en référence à la danseuse de flamenco seins nus et entourée de crucifix ornant la pochette de "Surfer Rosa") se trouve une cassette de démos appelée "Whore" ("putain") enregistrée en à peine une semaine dans une arrière boutique d'un salon de coiffure. Pour cette nouvelle galette, la maison de disque alloue au groupe un budget 4 fois supérieur à celui de "Surfer Rosa" et leur adjoint les services du producteur anglais Gil Norton. En effet, 4 AD convaincu des qualités mélodiques évidentes des Pixies, écarte donc Steve Albini dont la production est jugée trop austère. 

    Le résultat est sidérant! La production amplifiée et affinée de Norton transcende admirablement la science de la dynamique du groupe: couplet calme/ refrain rageur. 

    A la première écoute on se dit "Mon dieu ce mec est complètement taré!!!!!!!!!!" 

    Sur des textes outrageusement surréalistes faits d'ovnis, de maladies mentales, de mort, de tortures et autres catastrophes variées, se glisse une musique quasi magique, une sorte de power pop montée sur ressorts. L'esprit torturé de Black Francis nous souffle alternativement le chaud et le froid, la douceur et la violence. 

    Toute l'alchimie des Pixies se retrouve dans le premier titre: "Débaser" ("dépravé"). Le chanteur hurle de toutes ses tripes sur les couplets alors que le refrain est chanté par la bassiste Kim Deal de manière étrangement calme et décontracté formant un paradoxe saisissant. Cette chanson est largement inspirée par le film "un chien andalou" de Luis Bunuel et salavador Dali.

    S'enchaînent ensuite et sans transition "Tame" ("mater") et son punk rock fiévreux dont le refrain est littéralement vomi par Black Francis. "Wave of mutilation" est  chanté presque à bout de souffle et sous influence surf music. "I Bleed" nous fait le récit d'une déprime oscillant entre le bonheur malsain et le mal-être chronique. "Here comes your man" est une ballade pop rafraîchissante et salvatrice avec une délicate ligne mélodique de Joey Santiago (le refrain sonne comme un standard des sixties). Avec "Dead" on revient gentillement dans le punk rock. Et enfin on arrive au mythique "Monkey Gones to Heaven" (et son quatuor à cordes) morceau épique sur fond de raz de marée cataclysmique. Arrive ensuite et toujours sur un rythme endiablé "Mr Grieves" et son rock optimiste légèrement hispanisant, "Crackity Jones" la plus énergique et la plus punk du disque racontant les déboires de Black avec un colocataire drogué et travesti rencontré à Porto Rico lors d'un échange universitaire, le mélodique "La la love you" chanté par David Lovering, ballade volontairement mielleuse et ringarde. "N°13 Baby" faisant allusion à la marijuana est un rock splendide. "There goes my gun" n'aurait pas dépareillé sur une BO de Tarantino, "Hey" magnifique chanson au groove vicieux est encore une ballade (à la Pixies bien sûr), "Silver" seule chanson écrite par KIm Deal (toutes les autres sont de la plume foutraque de Francis) et enfin le phénoménal "Gouge Away" essence même du groupe conclut le disque avec rage et tensions.

    En 38 minutes et 38 secondes, les Pixies ont écrit les tables de la loi du rock alternatif et redéfini le standard idéal de la chanson rock ; entre 2'30 et 3'00. 

    A la fois accessible, abrasif, jouissif, foisonnant, ambitieux et visionnaire cet album n'a toujours pas pris une ride. 

    La pochette créée par Vaughan Oliver est également mythique: elle représente un singe auréolé et entouré des chiffres 5, 6 et 7, symbolisant l'homme, le diable et dieu et est inspirée des vers de la chanson "Monkey Gones to Heaven": If man was 5, then the Devil is 6, and if the Devil is 6, then God is 7.

    La suite?

    Un petit frère "Bossanova" dans la même lignée, la folie et la surprise en moins et un dernier opus "Trompe le monde" tout aussi génial mais beaucoup moins accessible.

    Le groupe split et c'est Nirvana qui récolte les lauriers en reprenant la formule magique des Pixies. En effet, Kurt Cobain déclara lors d’un entretien au magazine Rolling Stone : « J’essayais d’écrire la chanson pop ultime. En fait, je dois bien admettre que j’essayais de pomper les Pixies. Lorsque je les ai entendus pour la première fois, je me suis senti tellement en osmose avec leur musique que j’ai regretté de ne pas faire partie du groupe, ou du moins d’un groupe qui jouait leurs chansons. Nous leur avons emprunté leur sens de la dynamique, le truc du couplet joué calmement et du refrain rageur ».

    En dépit du petit nombre de disques produits et de leur courte carrière, les Pixies ont eu une immense influence sur la percée du rock alternatif au début des années 1990 qui commença avec le succès du single "Smells Like Teen Spirit"de Nirvana, sorti en 1991.

    Les artistes plus que tout autres ont loués le groupe et leur impact sur la musique:

    Bono de U2 a appelé les Pixies "l'un des plus grands groupes que l'Amérique ai jamais connu"

    David Bowie influence majeure de Francis et Santiago a déclaré: « Je suis très triste car j’ai appris que les Pixies s’étaient séparés… Quel gâchis. Je les voyais devenir immenses », « Je ne me suis jamais remis du fait que les Pixies se soient formés, aient travaillé et se soient séparés sans que l'Amérique ne les prenne en son sein ou même ne reconnaisse leur existence, pour la plupart ».

    Thom Yorke, chanteur de Radiohead, refusa que les Pixies passent avant son groupe lors du festival de Coachella aux États-Unis. « Les Pixies ouvrant pour nous, c’est comme les Beatles ouvrant pour nous. Impossible ! » déclara-t-il alors. Il déclara par la suite qu'à l'école, "les Pixies ont changé ma vie"

    Damon Albarn, leader de Blur, n’est pas en reste : « Lorsque nous avons commencé nous voulions sonner comme les Pixies »

    Avec une voix chuchotée-hurlée insaisissable, des chœurs féminins délicats, une basse omniprésente dans la structure des titres, une batterie rugueuse et massive ainsi qu'une guitare imprévisible, les Pixies ont fait "la musique la plus convaincante de l'ensemble des années 80" dixit le maître David Bowie.

     

    A partir 2004, le groupe se reforme pour des tournées mondiales, affolant les fans d'une possible résurrection des lutins de Boston. Black Francis en dément régulièrement toute possibilité trop accaparé par une carrière solo foisonnante et riche sous le pseudo de Frank Black ( voire Black Francis pour les derniers) ou avec son second groupe les Catholics, ou divers projets parallèles. 

    Le 14 juin Kim deal quitte le groupe.

    Le 27 juin sort enfin un morceau inédit "Bagboy" mettant fin à une arlésienne de plus de 20 ans.

    Et enfin le 3 septembre sort un EP 4 titres intitulé sobrement Ep1 et qui en appelle forcément d'autres...(Ep2 prévu pour fin novembre et 3 autres Ep's pour 2014).

     

     

     

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